Des techniques naturelles

"Laisser faire la nature, l'accompagner plutôt que la dompter." Voila résumé l'objectif des techniques écologiques utilisées au Jardin Mosaïque.

Elles doivent maintenir au maximum les équilibres naturels, renforcer la vie du sol et permettre ainsi aux plantes d'être dans un environnement favorable à leur croissance, tout en favorisant la biodiversité du jardin.

Maintenir les équilibres biologiques

Associations bénéfiques et biodiversité au potager
Associations bénéfiques et biodiversité au potager

Les produits phytosanitaires, désherbants et engrais chimiques sont bannis à 100%.

La lutte contre les parasites se fait essentiellement en jouant sur la dispersion géographique des espèces et variétés ainsi que sur les associations bénéfiques (notamment au potager). Si nécessaire des pulvérisations à base de savon noir sont utilisées sur les pucerons. Les cheveux sont utilisés pour repousser les lapins. Les purins d'ortie, consoude et prêle seront utilisés pour renforcer les plantes fragiles ce qui n'est pas encore le cas car les plantes trouvent en grande partie leur force et équilibre dans les fumures organiques et dans un sol riche en vie microbiologique.

Le milieu ainsi préservé permet le retour des prédateurs des parasites du jardin.

Si les limaces apprécient les paillis, au bout de cinq ans, hérissons, crapauds, staphyllins odorants et vers luisants sont revenus en masse pour s'en repaître! De fortes populations de coccinelles permettent de réduire les pucerons. 

Le compost, véritable trésor du jardin

Au Jardin Mosaïque, les plantes puisent une grande partie de leur vitalité dans le sol équilibré, bien structuré et riche en vie microbiologique obtenu grâce aux apports de fumures organiques.

Le sol est nourri effectivement par des apports de fumier décomposé, de compost fait maison, de tontes d'herbe, de paillis de foin et de déchets de taille de végétaux.

Le compostage est un élément incontournable dans le jardin. Il se fait en tas ou en couche épaisse directement au sol. Il permet de rééquilibrer le cycle de l'azote et du carbone et de libérer de manière lente et facile à assimiler les éléments et oligo-éléments nécéssaires à la plante. Ainsi, les tontes d'herbe riches en azote sont réincorporées dans le tas de compost ou mises en paillis associées à des matériaux riches en carbone.

L'ensemble des matières organiques est recyclé. Du coup, s'il fut nécessaire d'acheter des dizaines de balles de foin les premières années pour pailler, ce n'est pratiquement plus le cas actuellement. Par contre notre tas de compost a pris le volume équivalent à ces importations et est devenu une montagne à manipuler au tracteur avec godet!

Paillage à gogo!

Rosiers sur paillis de foin
Rosiers sur paillis de foin

Le paillage est un autre élément essentiel du jardin, très présent et visible!

 

En effet, il est mis en place et renouvelé systématiquement chaque année sur l'ensemble des massifs de vivaces, le potager, la roseraie, au pied des arbustes et des jeunes arbres. Il est constitué essentiellement de foin, de tonte de gazon, de compost grossier.

Son rôle est vital pour lutter contre les plantes indésirables, l'érosion par la pluie, pour réduire l'évaporation et donc les besoins en eau et pour nourrir au final la plante tout en favorisant la vie du sol. 

Pas de travail du sol!

Le travail du sol, à la grande surprise de nos visiteurs est quasiment inexistant!

En effet, le principe est de laisser la faune du sol, notamment les vers de terre, travailler à notre place.

Pour atteindre ce résultat, deux principes de base:

- apporter de la matière organique qui en plus de nourrir la microfaune du sol permet de construire un complexe argilo-humique rendant le sol grumeleux et donc plus souple,

- pailler très tôt (3 à 6 mois avant) les massifs ou carrés de potager à créer, ce qui permet un désherbage très éfficace.

Dans ces conditions, l'usage du motoculteur est donc complètement inutile. Il suffit de faire un trou dans le paillis, un coup de binette, et le plan de vivace ou de légume est mis en place. Pour les zones nécessitant des semis, les paillis sont retirés précocement pour permettre un faux semis, puis un léger passage de fourche-bêche sans retournement du sol et un petit binage suffisent. 

Haricots, pommes de terre et rhubarbe sur paillis de foin
Haricots, pommes de terre et rhubarbe sur paillis de foin

De l'eau avec parcimonie

L'irrigation est réduite au strict minimum, grâce essentiellement au paillis et au choix de végétaux rustiques. Les pelouses ne sont jamais arrosées. Une aspersion uniquement des vivaces et du potager, tous les dix jours, durant la sècheresse de 2010 a suffit pour passer le cap. Ce choix a été préféré à celui de la micro-irrigation, car dans nos sols argileux cela oblige la plante à aller puiser l'eau dans les couches profondes du sol au lieu de laisser les racines paresser et se concentrer sous le goutteur, ce qui rend la plante très sensible à la moindre défaillance du système. L'ensemble des eaux de gouttière du corps de ferme ainsi que les eaux de ruissellement ont été canalisées dans un fossé à ciel ouvert ou commence à s'implanter une végétation spécifique (saules, joncs...).L'objectif sera de transformer la cuvette naturelle où il aboutit en mare végétalisée.  

Une gestion différenciée

Exemple de gestion différenciée des espaces enherbés
Exemple de gestion différenciée des espaces enherbés

La gestion des surfaces herbeuses se fait de manière différenciée.

Les gazons, issus de la prairie naturelle, sont tondus une fois par semaine avec mulching (broyage fin et compostage sur place). Seules les deux premières tontes de l'année sont ramassées et mise à composter en tas pour éliminer les excédents azotés de sortie d'hiver.

Les prairies et arrière-plans sauvages, ainsi que la réserve sont fauchés le plus tardivement possible (fin d'été, début d'automne) afin de favoriser l'apparition et la multiplication des plantes à fleurs, ainsi que la reproduction des insectes, oiseaux nichant au sol (perdrix...), des lièvres, biches ou chevreuils...A cette fin, je me suis équipé d'une motofaucheuse qui permet, en hautes herbes, de ne pas massacrer la petite faune (j'ai débusqué ainsi un levraut parti se réfugier plus loin) et surtout les insectes qui ne sont pas broyés mais s'envolent ou restent sur les tiges pour partir tranquillement ensuite (araignées, mantes religieuses, sauterelles...).

Lors du fauchage d'une zone, je laisse toujours une partie non coupée qui sert de mini refuge en été et grâce aux tiges sèches ou creuses d'abri pour l'hiver.

Afin de favoriser le retour des insectes auxiliaires et pollinisateurs (bourdons, abeilles solitaires et sociales...), la priorité est donnée aux fleurs et plantes mellifères locales: saules (épurateur d'azote également), aubépines, symphorine, asters, sédum, circes, trèfles, berces...

Il en est de même pour les oiseaux: en dehors de la zone ornementale, tous les arrière-plans, haies et la bande boisée (plantée pour protéger des vents d'ouest), sont plantés d'arbres aux essences purement locales (frêne, érable champêtre, chène pédonculé, saule marsault...) en association avec des arbustes à baies attractives pour la gente ailée( prunelier, sureau...). Des frênes en cours de croissance ainsi que des saules seront taillés en têtard pour permettre aux oiseaux cavernicoles de nicher, notamment les chouettes chevêches qui nichent déja dans les bâtiments.